L'eau thermale Axéenne
L'eau thermale Axéenne :
Un long chemin à 4000 mètres sous terre
Avant de remonter à la surface, les eaux thermo-minérales d'Ax Les Thermes ont circulé pendant de très nombreuses années (8000 ans) à 4000 mètres de profondeur, au sein du massif granitique d'Ax. Elles y ont acquis une température trés élevée (plus de 120°c) et une minéralisation qui leur est spécifique ; de type "sulfurée-sodique", on ne les rencontre que dans les Pyrénées.
Des eaux médicamenteuses...
Ces eaux présentent une teneur en silice, en sodium et surtout en sulfures ainsi qu'en soufre qui dégagent cette odeur si caractéristique.
Les sulfures donnent lieu à des proliférations de sulfo-bactéries : les Axéïnes.
L'Axéïne est un produit végéto-minéral qui se développe exclusivement dans les eaux sulfurées comprises entre 15 et 45°c, au moment où l'eau entre en contact avec l'oxygène. Les longs filaments blanchâtres qui flottent à la surface sont des micro- organismes de l'Axéïne. Extremement anciens, bien plus que les dinosaures, ils ont des propriétés microbicides. L'axéïne rejette naturellement des substances intéressantes au point de vue thérapeutique.
IMPORTANT : En raison de leurs vertus thérapeutiques, notamment en rhumatologie et maladies respiratoires, les eaux thermales d'Ax Les Thermes sont à proprement parler médicamenteuses. Aussi, il n'est conseillé de les boire que sur avis médical.
... les plus chaudes des Pyrénées
Les eaux sulfurées sodiques d’Ax sont les plus chaudes des Pyrénées. Elles appartiennent au groupe des eaux hyper-thermales de 43° à 78° et permettent de traiter les affections rhumatismales et les maladies ORL des voies respiratoires. Ses 60 sources ont alimenté les établissements thermaux. De nos jours, pour la sécurité de l’eau thermale, deux forages (un derrière l’hôpital et un devant le teich) pourvoient les établissements thermaux, les Bains du Couloubret, l’hôpital, les fontaines et les bassins dans la ville.
Contexte et histoire des opérations de captage des eaux thermales
Dans le centre ancien urbain d'Ax Les Thermes, à la confluence des rivières Ariège, Oriège et Lauze, plus d'une cinquantaine d'émergences d'eau thermo-minérales sont répertoriées sur une surface totale de 12 hectares, dont la plupart sont des émergences naturelles captées ou non.
Des puits et des forages ont également été réalisés plus recemment : dans ce contexte urbain, les points d'émergence ou de captage ont été soumis à des pollutions récurrentes et la solution d'une exploitation par forage du gisement thermal s'est imposée progressivement.
Seuls deux forages sont actuellement en production pour l'alimentation en eau thermale (FP1, F7bis); les forages anciens, émergences ou captages sont désormais destinés à la surveillance de l'aquifère thermal ou à la mise en état d'abandon.
L'ancienneté de l'utilisation des eaux thermales d'Ax Les Thermes à des fins médicinales remonte au moins au moyen-âge : en 1250 le roi Louis IX (Saint Louis) fit construire un hôpital et le bassin des ladres (pestiférés) pour y soigner ses soldats.
La fondation en 1780 et 1787 des établissements thermaux du Couloubret et du Teich témoigne de la vitalité de cette activité sous l'ancien régime, avant l'expansion du 19ème siècle qui conduisit à la modernisation des établissements mais aussi au développement du bourg.
A cette époque, les débits sont obtenus en puits, galeries ou vasques avec un total de l'écoulement naturel évalué par le service des mines à 60m3/h. Les autorisations d'exploitation sont accordés par groupes de sources et par établissement : "le Breilh" autorisée le 5 mars 1821, "Modèle" autorisée le 21 avril 1968 ; Couloubret et Teich autorisées le 7 mars 1878.
Des pollutions générées par l'expansion urbaine ont entraîné la suspension des autorisations d'exploitation des eaux de 1955 à 1964 et le début des opérations de captages en profondeur, en 1963 avec la réalisation du forage Diamant 1 (26 m) et en 1984 avec celle de trois forages : Bains Fort du Couloubret (64 m), Bain Fort du Modèle (30 m) et Grosse Sulfureuse (24 m). En 1987-1988, cinq forages de reconnaissance sont réalisés : F1 (195 m non productif), F3 (158 m), F4 (86,5 m), F5 (92,3 m), F7 (80,5 m).
En 1995, le forage FP1 est réalisé en gros diamètre jusqu'à 167.5m et les autres forages, sauf le F7, sont déconnectés : FP1 et et F7 sont les deux seuls forages désormais utilisés pour la production.
La reconnaissance de l'action thérapeutique des eaux est attestée par un travail du Professeur J.L. Montastruc (2005). Le contexte hydrogéologique est précisé par l'expertise de Monsieur A. Mangin (2006) qui indique que les conditions de l'exploitation en forages n'exposent pas la ressource à des contaminations.
Les recommandations sanitaires de ces études sont mises en oeuvre : les fontaines publiques sont alimentées par les forages avec une disconnexion empêchant toute polution. Le forage F7 est condamné suite à des problèmes techniques ; en mars 2006, un nouvel ouvrage de 80.5m de profondeur est réalisé à côté du précédent (F7 bis).
Localisation des émergences, forages et ouvrages dans le bourg d'Ax Les Thermes :
Caractéristiques des ouvrages de forage :
- L'ouvrage FP1 :
Le forage est équipé d'une pompe immergée à 31m sous la bride, et d'un dispositif de suivi des débits, de la piézométrie, de la conductivité et de la température. Un robinet de prélèvement et un dispositif d'évacuation des eaux artésiennes est aménagé pour les manoeuvres de pompes. Un filtre antibactérien pour la mise en air et un clapet anti-retour pour le dégazage sont également installés. Un protocole est prévu pour ne pas contaminer l'eau minérale en cas d'intervention.
Un local technique abrite la tête du forage FP1bis. Il s'agit d'un bâtiment en maçonnerie traditionnelle de 57.2m² avec une toiture comprenant un ouvrant permettant d'accéder à la tête de forage par le haut. Il abrite aussi une pompe de distribution secondaire, reçoit les eaux du forage F7 bis et constitue le point de mélange de l'eau minérale dénommée "Axéenne".
- L'ouvrage F7 bis :
Le forage est équipé d'une pompe immergée à 32m sous la bride de la tête de forage et d'un dispositif de suivi de piézométrie, du débit, de la température et de la conductivité. Un dispositif d'évacuation des eaux arthésiennes est aménagé pour les manoeuvres de pompes jusqu'au collecteur donnant dans l'Oriège. Un robinet de prélèvement, un filtre antibactérien pour la mise à l'air et un clapet anti-retour pour le dégazage sont également installés. Un protocole est prévu pour ne pas contaminer l'eau minérale en cas d'intervention.
Un local technique abrite la tête du forage. Il s'agit d'un bâtiment en maçonnerie traditionnelle de 13.9m² de surface intérieure carrelée et d'une toiture dont un ouvrant permet d'accéder à la tête du forage par le haut.
Qualité des eaux prélevées aux forages FP1 et F7 bis :
- Les propriétés physico-chimiques et microbiologiques de l'eau thermo-minérale
Il s'agit d'eaux sulfurées sodiques dont la minéralisation est acquise par la circulation lente en profondeur dans des corps de granitoïdes, comme l'indiquent la relative abondance de silice et de fluor. Le faciès chimique des eaux est identique dans les deux forages.
La minéralisation est relativement faible, le pH élevé de 8 à 10 avec deux élements majeurs dominants Na et CI. Le soufre est présent dans l'eau thermale sous forme d'ion HS et traduit des conditions naturellement réductrices, il s'oxyde en sulfates SO2 au contact de l'oxygène.
La température des eaux captées se maintient à 67.1 ± 0.7°C pour F7 bis, et à 76.9±0.7°C pour FP1. L'écart thermique entre les deux forages reste constant et les interruptions du pompage n'influent pas sur la température de l'eau.
- Les caractéritiques essentielles de l'eau en composition chimique et en température sont stables et les propriétés radioactives et microbiologiques des eaux sont conformes aux normes applicables aux eaux thermales.
Aucune contamination n'a été identifiée dans la totalité des analyses microbiologiques réalisées sur les eaux des forages. Les analyses de radioactivité montrent que les activités alpha global et béta global sont inférieures à la norme pour les eaux de consommation humaine (dose totale significative induite par la consommation de 730 litres par an inférieure à 0.1mSv/an).
Vulnérabilité et hygiène publique
La zone d'alimentation de l'aquifère thermal est située en haute montagne dans une zone où les sources de pollution anthropiques locales sont actuellement faibles. Le risque de contamination par des animaux ou par toute autre activité depuis la surface est inexistant au vu du trajet et du temps de transit des eaux.
Dans la branche ascendante, au droit du bourg d'Ax Les Thermes, le flux thermal ascendant en pression (les forages sont jaillissants) s'oppose naturellement à l'introduction directe de pollution. L'aquifère hydrothermal jouit d'une protection naturelle dans l'ensemble de ses parties du fait de sa situation et de sa dynamique.
Malgré cela, l'historique des contaminations microbiologiques (avant l'exploitation en forage) indique une vulnérabilité. Le risque de contamination est présent dans les zones d'émergences ou ouvrages donnant accès à l'aquifère thermal. Il s'agit potentiellement des captages de surface, puits et forages, mais aussi de tous travaux souterrains ou excavatinos réalisés dans l'ensemble de la zone thermale.
Au niveau des deux forages en production, l'aquifère est sous pression et les niveaux de captage sont respectivement de 35.9m et 35.2m. Les mesures de protection et d'étanchéité de l'ouvrage sont respectées : la cimentation et le tubage permettent d'éviter la contamination par des eaux superficielles, la tête de forage est étanche. Les débits maximums ont été déterminés en prenant soin de ne pas rabattre les niveaux piézométriques au dessous des niveaux d'écoulement des sources les plus basses. Ces éléments sont contrôlés dans les piezomètres et sur les sources concernées. Ces éléments garantissent une bonne protection de l'aquifère.
Un programme de mise en état de délaissement des ouvrages et émergences taries est en cours afin de réduire la vulnérabilité due aux multiples points d'arrivée d'eau thermale.
Les détails de l'histoire thermale d'Ax-les-Thermes sont racontés ici.